A seulement quinze minutes en voiture depuis les Fustes, le village de Moudeyres et ses célèbres chaumières sont les témoins d'un passé pas si lointain où se mêlent Histoire et phénomènes inexpliqués.
Le village de Moudeyres doit une grande partie de sa renommée à la Ferme des Frères Perrel, une chaumière qui date de 1640 classée Monument Historique. Elle a été agrandie au fil des générations, lui conférant un caractère atypique. Une vingtaine de vaches y étaient élevées, faisant d'elle une ferme relativement importante. Elle est aujourd'hui transformée en musée qui retrace la vie d’antan et le travail de la chaume. A l'intérieur, rien n'a bougé depuis le départ de ses derniers occupants dans les années soixante-dix. www.ecomuseefermeperrel.com
Aux abords de la vallée de l'Aubépin, on retrouve encore beaucoup de chaumières isolées ou regroupées en petits hameaux aux airs de village d'Asterix. Contrairement à la Ferme des Frères Perrel qui a été agrandie au fil des siècles, beaucoup d'entre elles ont conservé une architecture qui n'a pas vraiment évolué depuis l'époque gauloise. De faible dimensions, avec un toit de chaume de seigle fort pentu pour que la neige ne puisse s'y tenir, elles abritaient des familles ne possédant que quelques vaches. L'étable et la pièce d'habitation étaient contiguës afin de profiter de la chaleur des bêtes.
Les moissons tardives de juillet, faites à la main, permettaient d’obtenir de la paille de seigle longue et résistante. Tandis que le grain se transformait en farine, la paille recouvrait les toitures. En hiver, le seigle était battu soigneusement au fléau, afin de ne pas oublier de grains. Des "clouassous" de paille étaient attachés deux par deux et disposés sur la charpente. Il en fallait trente pour recouvrir un mètre carré. Aucun outil n’était utilisé pour réaliser ce toit de chaume. Chaque année, un trentième du toit était restauré avec la récolte de l’année précédente. Nécessitant une attention constante et des retouches régulières, la technique de la pose du chaume était transmise de père en fils.
Jusqu’à la Révolution de 1789, l’immense majorité des maisons du coin est couverte de chaume. La lauze de phonolite ne sera utilisée longtemps que par les plus riches car il faut bâtir à voûte, ou bien, plus tard, construire des charpentes titanesques.
Le seigle, c’est donc la paille. La paille pour couvrir les maisons, et pour engraisser le bétail qui pâture l'été sur les hauts plateaux du Mézenc puis passe l'hiver à l'étable.
Mais le seigle, c’est avant tout un aliment. Pour moudre le grain, il faut des moulins. Sur 7 kilomètres de long, la vallée l’Aubépin compte 27 moulins. Il y a 27 moulins mais il n’y a pas 27 meuniers : un meunier peut faire tourner deux, trois moulins, en réutilisant la même eau plusieurs fois d’amont en aval. L’eau qui aura été utilisée une première fois dans un premier moulin repart à la rivière, rencontre un second bief, une seconde réserve dont le meunier attend le remplissage avant de lever la vanne pour faire une seconde passe, etc.
Relativement nombreux sur un petit territoire, les meuniers de l’Aubépin ont formé durant des siècles une sorte de communauté atypique se distinguant fortement des paysans voisins qui n’ont pas cessé d’en rajouter sur ces étranges individus qu’ils côtoyaient pourtant tout au long de l’année. La vallée est donc entourés de mystères, de légendes, d’histoires fantastiques qui alimentaient les veillées d’autrefois. Des phénomènes inexpliqués survenus dans les années 1900 font encore frémir les habitants des environs : l'histoire du moulin hanté de Perbet n'a pas livré tous ses secrets...
Extrêmement isolée et encaissée, la vallée de l'Aubépin est difficile d'accès. Elle semble coupée du monde et il est difficile d'imaginer qu'elle a longtemps été le théâtre d'une activité économique intense. Sa position stratégique, entre les hauts plateaux d'élevage, les zones de cultures et le bassin du Velay, a pourtant fait d'elle un lieu incontournable où éleveurs, commerçants, paysans cultivateurs, meuniers, artisans, forgerons, et aubergistes se côtoyaient. Un passé florissant qui a brutalement disparu à la fin du XXème siècle et dont il ne reste aujourd'hui presque aucune trace.
Si le fond de la vallée est difficile d'accès, un petit chemin de randonné balisé PR592, au départ de Moudeyres, permet de s'en approcher par une petite boucle facile d'environ 2,3 km (40 minutes de marche).
Vous pourrez profiter de votre escapade à Moudeyres pour faire une pause gourmande à l'auberge du village, le Pré Bossu, qui propose une cuisine traditionnelle et de saison dans une des charmantes chaumières du village. www.leprebossu.com